Mythes et Légendes d’Auvergne #1 : L’histoire de la roche des fées de La Bourboule

La légende de la Roche des fées remonte à quelques centaines d’années dans le Massif du Sancy, l’endroit le plus sauvage de la région où les habitants se faisaient rares et la nature abondante.

De nombreuses roches, énormes et escarpées, parsemaient le paysage. Gardiennes fidèles des Monts du Sancy, elles dominent toujours fièrement pâtures, forêts et villages. Celle qui nous occupe aujourd’hui se dresse au-dessus de La Bourboule et porte un nom symbolique : la Roche des Fées. Pourquoi ce nom ? Voici la légende…

De multiples génies arpentent de nos jours les montagnes endormies du Sancy. Ils sont les gardiens vigilent de nos volcans, contenant leurs flancs redoutables des flots incandescents. Ce sont des génies attentifs et dévoués. Qu’ils négligent un instant leur tâche et le feu de la terre jaillira de nouveau.

Autrefois, ces génies étaient alliés à des fées de l’eau, prisonnières des montagnes. Un soir, lors de leur festin, on effraya ses magiciennes. Elles disparurent à jamais des montagnes. Pour preuve de leur lointaine présence, la pierre grise de la Roche porte l’empreinte de leurs assiettes, plats et gobelets et aussi l’immense poêle où elles cuisinaient. Ces traces, vous pourrez les voir sans peine, chaque Bourboulien est à même de vous les montrer.

En ces temps lointains, dans le Massif seules quelques huttes de boue et de branchages abritaient une poignée d’humains. Les fées bien obligeantes protégeaient le Massif dans le secret le plus total. Chaque jour ces fades venaient se baigner, invisibles dans un des nombreux lacs à l’eau si pure. Seuls des remous et des vaguelettes trahissaient leur présence. Les pauvres humains ne soupçonnaient pas leur présence.

Mais un soir, un homme errant dans la campagne s’arrêtât au pied de la Roche des Fées. Accablé de douleur, tête basse, il s’assit sur une pierre grise, ruminant de sombres et bien tristes pensées. Son enfant était malade et malgré tous les soins, ce petit de un an se mourait lentement. Il refusait le sein de sa mère.
Ce soir-là, trois fées se baignaient dans les eaux du lac le plus proche, celui du Guéry. L’une d’elle voyant la détresse de l’homme, s’approcha :
- Qu’as-tu donc mon brave à te morfondre de la sorte ? Ne puis-je t’aider ?

Au son de cette voix douce, l’homme surpris leva la tête et resta saisi de stupeur. La fée se tenait là devant lui avec sa longue chevelure blonde. Mais son corps immatériel avait la transparence du verre. L’homme, à travers lui, voyait les prés, les arbres, les pierres et les genêts. La fée dut répéter trois fois sa question, alors l’homme évoqua sa peine. Il ne put retenir des larmes bien amères. Et voici que là où tombaient ses larmes, une source se mit à jaillir.
- Abreuve ton fils de l’eau de cette source, dit la fée, dans quelques jours il reprendra vie.
A ce moment précis, la seconde des fées aperçut l’homme et le prit en pitié :
- Quel est ton souci ? Si tu veux bien me le confier, peut-être pourrais-je t’aider.
Une deuxième fois il conta son malheur. Il ne put réprimer ses larmes et une autre source sortit du sol à ses pieds.
- Prends cette eau pour laver ton fils, dans quelques jours, il reprendra vie.
Sur ce, la première fée disparut et l’homme hésitait. La dernière des fades, la plus jeune l’aperçut.
- Quelle douleur t’oppresse, mon ami ? demanda la fée avec la plus grande obligeance. Dis-le moi sans crainte je ferais tout pour t’aider.
Cette fois, l’homme n’hésita pas à se confier pleinement à la fée. La douleur de son récit lui tira une nouvelle fois des larmes et pour la troisième fois, une eau claire se mit à sourdre là où ses pleurs étaient tombés.
- Viens baigner ton enfant dans cette source chaque matin. Dans quelques jours, je t’en fais la promesse, ton fils sera guéri.

Alors il prit l’eau de la première source et fut émerveillé de voir son fils la boire avidement. Puis il prit l’eau de la seconde. Longuement, le père en lava son petit et l’enfant reprit des couleurs. Il emporta le petit pour le plonger dans la troisième source.  Et l’enfant, à ce contact, ouvrit les yeux et sourit à son père. Jour après jour, l’enfant reprit des forces. Il prenait goulûment le sein de sa mère et prit goût à la vie.

Voyant la guérison miraculeuse de cet enfant, les habitants de la région voulurent profiter des sources bienfaisantes. Ils en aménagèrent les bords, creusèrent des bassins pour conserver le don des fades. Ils prirent l’habitude de boire ces eaux magiques, de s’y baigner et d’en respirer les vapeurs. Depuis ces temps, les peuples viennent de loin pour bénéficier de leurs fabuleuses vertus. Ainsi, grâce aux bonnes fées les sources thermales étaient nées.
Si un jour, l’un d’entre vous rencontre une fade au bord d’un de nos lacs ou d’une rivière, ne manquez surtout pas de lui dire notre reconnaissance. Il serait temps de remercier ses fées parties trop tôt.