Charbonnier-les-Mines : fermeture de la caserne de pompiers

Depuis le mois de septembre, Charbonnier-les-Mines (Puy-de-Dôme) n’a plus sa caserne de pompiers. Une issue qui apparaît désormais inévitable pour de nombreux centres de première intervention.

Elle rythmait la vie de Charbonnier-les-Mines depuis 1891. Il y a quelques années, elle avait déjà arrêté de retentir quand les pompiers de la commune sortaient. Le 1er septembre, à midi, la sirène a hurlé une dernière fois. « Pour rappeler à la population que la fermeture était actée », raconte Marc Colombier. 

Le mois dernier, le chef de centre et les trois sapeurs-pompiers qui restaient dans ce centre de première intervention ont rejoint le centre de secours de Brassac-les-Mines.

Une issue inéluctable pour le maire de la commune, quand on sait que les pompiers ne sont intervenus qu’à quatre ou cinq reprises cette année. « Depuis quatre ans, on a reculé mais d’un commun accord, nous avons pris nous-mêmes la décision d’arrêter », reconnaît, un brin désabusé, Pascal Berthelot.

Car si elle était pressentie, cette fermeture n’en est pas moins douloureuse pour ce village de 900 habitants qui, il y a un an, a déjà perdu son bureau de Poste. « Les pompiers faisaient vraiment partie de la vie de la commune, note l’élu. Et les gens étaient complètement rassurés de voir les pompiers du village intervenir. Pour les plus anciens, ils sont encore la première bouée de secours. »

Pendant plus d’un siècle, Charbonnier a donc eu « ses » pompiers. Des sapeurs le plus souvent originaires de la commune. « Avant, le grand-père, le père, le beau-père étaient pompiers, alors on devenait pompier. Et c’était en plus le meilleur moyen de s’intégrer dans un village », raconte José Anastacio.

Chef de centre pendant vingt-sept ans entre 1986 et 2013, il a aimé la proximité des pompiers avec la population. « On connaissait tout le monde. Et puis on prenait le téléphone et on rappelait les gens après les interventions pour prendre des nouvelles ». Une chose inconcevable dans une grande ville. 

Mais ce passionné a aussi vu les contraintes pour les pompiers augmenter, la population évoluer avec les jeunes du cru qui partent pour travailler et de nouveaux habitants qui viennent s’installer. « Les gens ne portent plus le même regard sur les pompiers aujourd’hui. Il y avait moins cette flamme entre la population et nos sapeurs-pompiers », confirme Pascal Berthelot.

Sans ses soldats du feu, le maire attend désormais « une réorganisation des secours sur notre secteur car il ne faut pas que cela impacte la qualité des secours ». Quand les pompiers de Charbonnier intervenaient en six minutes, il en faut désormais près du double à ceux de Brassac-les-Mines.

Pour la petite commune, c’est aussi une page qui se tourne. « Je ne verrai plus de pompiers de Charbonnier. C’est irréversible et ça, ça me chagrine, se désole José Anastacio. Mais ce qui me fait plaisir, c’est que dans quelques mois, je verrai courir les enfants ici. »

La commune a en effet décidé d’aménager les locaux de la caserne pour y installer la cantine de l’école.

L’esprit des pompiers, lui, a été déplacé quelques mètres en dessous. Dans une cabane autrefois utilisée pour le transport des mineurs, José Anastacio a aménagé un petit musée, avec casques, pompe, seaux et drapeaux d’époque. « J’ai fait cela pour que les gens n’oublient pas. » 

Une cérémonie officielle de fermeture du centre de Charbonnier-les-Mines aura lieu dimanche, à 11 heures. « On voulait rendre hommage à tous ceux qui sont passés dans cette caserne. C’est important qu’il y ait ce moment car ce n’est pas un club de foot ou de rugby », insiste Marc Colombier, qui restera donc comme le dernier chef de corps des pompiers de Charbonnier-les-Mines.

Source La Montagne