Le dossier du contournement de Bellerive-sur-Allier est à l'image d'un auto-stoppeur. Il est là, au bord de la route, mais personne ne veut le prendre en main. Ou alors, on s'en occupe pendant un temps, on fait un bout de trajet avec lui, avant de l'abandonner une nouvelle fois au bord de la route.
Cet abandon, c'est aussi et surtout le sentiment des riverains de la départementale 984. Depuis plus de vingt ans, les promesses d'un contournement s'enchaînent, mais rien ne se passe. Il y a bien eu une réfection de la voirie en 2018, atténuant le bruit et les vibrations. Mais les 2.700 camions quotidiens passent toujours à flanc de maison.
Depuis plusieurs mois, les riverains veulent dirent stop, alerter les pouvoirs publics pour que le dossier avance. L'association de quartier pour le contournement a organisé plusieurs manifestations, rencontré la préfecture de l'Allier à plusieurs reprises, sollicité les élus, mais le chantier patine toujours.
"Je risque ma vie à chaque fois que je veux traverser"
Nicole Chardin, habite à l'entrée de Bellerive-sur-Allier depuis 2001. À l'époque, lors de l'achat, on lui avait promis que le contournement de la route se ferait d'ici à 2006. Mais un quart de siècle plus tard, rien n'a été fait. Il y a eu quelques aménagements en 2018 : radars pédagogiques, réduction de la taille de voirie pour agrandir les trottoirs, passages piétons... Mais pour la Bellerivoise ce n'est clairement pas assez.
J'ai deux petites-filles, je suis obligé de fermer les portes à clé quand elles sont là. Surtout qu'elle a un âge où elle grimpe partout. Et j'aurai trop peur qu'elle s'approche de la route. Surtout qu'on a beau se mettre au passage piéton, personne ne s'arrête. Je sens que je risque ma vie à chaque fois que je veux traverser.
Une grande partie des habitants se sont donc constitué en association, d'où la présence des panneaux bleus sur toutes les habitations de la route. Il y en a plus de 120 depuis l'entrée de la ville jusqu'à l'hippodrome et même jusqu'à Charmeil.
D'Espinasse-Vozelle à Charmeil, les panneaux bleus jonchent la route © X.GRUMEAU - RVA
22.000 véhicules par jour
Un combat mené par le mari de Nicole pendant de nombreuses années, jusqu'à son décès. Aujourd'hui, c'est elle qui a repris le combat. Car la présence incessante des camions cause des vibrations et produisent des fissures dans les murs des maisons. De nombreux riverains ont dû entreprendre des travaux pour réparer les dégâts et insonoriser l'intérieur de leur maison. Mais rien n'y fait...
On entend les verres vibrer dans les placards. On a été obligé de changer toutes les fenêtres et portes. Le bruit est insupportable, j'ai des mal de tête régulièrement. Et je ne peux pas ouvrir la fenêtre pour aérer par exemple, ce n'est pas possible. Les camions passent dès 3 heures du matin.
C'est fatigant, ça nous crée du stress et je ne peux pas lire dans mon jardin par exemple. Il y a 22.000 véhicules par jour qui passent par cette route dont 2.700 camions. C'est énorme. Et je ne parle pas des gaz d'échappement qui jouent sur la santé.
D'après les études réalisées par le notaire de Mme Chardin, sa maison pourrait valoir 25% de plus si le contournement se faisait. Et la propriétaire l'avoue, si elle avait su que le contournement trainerait autant en longueur, sa famille ne se serait pas installé ici.
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