Sinistrés de la grêle, ils appellent au secours : "On n'en peut plus !"

Sinistrés de la grêle, ils appellent au secours : "On n'en peut plus !"
Toit sinistré par la grêle de juin 2022, toujours non réparé onze mois plus tard / Crédit : Les sinistrés de la grêle 2022

Onze mois après un violent épisode de grêle sur les Combrailles, de nombreux bâtiments n'ont toujours pas été recouverts. La faute au secteur de la couverture sous tension et au reste à charge trop important pour les personnes concernées.

Sylvie Loridan-Rougerie est la présidente de l'association Les Sinistrés de la grêle 2022. Pour RVA, elle revient sur cet orage de grêle qui n'aura duré que cinq minutes, mais qui aura changé sa vie et celle de plusieurs habitants des Combrailles. Ensemble, ils demandent réparation.

RVA : Revenons sur ce mois de juin 2022... Que s'est-il passé exactement ?

Sylvie Loridan-Rougerie : Le 4 juin 2022, un violent orage de grêle s'est abattu sur le nord des Combrailles, dont ma commune,  Gouttières. Ca a duré cinq minutes, des grêlons gros comme des boules de pétanque sont tombés sur les toitures, les voitures, tous les biens des habitants. Il a fallu qu'on trouve des moyens pour bâcher les toits, pour protéger au plus vite nos biens, sachant que la nuit suivante, nous avons eu des violents orages de pluie qui ont inondé la plupart des maisons. Ces cinq minutes ont été un cauchemar pour nous.

Si on prend votre cas personnel, quels ont été les dégâts ?

J'ai 90% de mes toitures qui ont été endommagés, tout comme la voiture de mon mari. J'ai des petites volailles qui ont été tuées sur le coup. Nous avons passé la nuit à protéger la maison au mieux. Mais cette grêle a aussi eu un effet psychologique important sur moi. J'étais toute seule à la maison à ce moment-là, j'ai du rentrer mes chiens et nous trouver un abri pendant ces cinq minutes. C'est à la fois très rapide et très long à la fois. De reparler de cette nuit bouleversante, ça fait remonter des émotions intenses.

Comment avez-vous vécu l'après ?

Il a falllu qu'on trouve quelqu'un qui nous aide à couvrir, à bâcher nos toits. C'était le week-end de Pentecôte, avec un jour férié. En composant le 18, les pompiers m'ont dit que ce serait difficile de pouvoir venir bâcher. J'ai finalement trouvé un couvreur qui est venu au plus vite, pour qu'on ait au moins nos chambres au sec. Et puis après, c'étaient les démarches administratives, notamment prévenir les assurances. Ce qui était compliqué, c'est que les couvreurs, les pompiers étaient très mobilisés, sans compter le manque de bâches.

Pourquoi avez-vous souhaité créer une association après la catastrophe ?

J'ai reçu le rapport de l'assurance, via un expert qui n'y connaissait pas grand-chose en toiture. C'était délicat de comprendre ce qui nous arrivait, sachant que mon toit avait un vétusté et mon assurance ne couvre pas toute la vétusté. J'ai 45% de vétusté sur mon toit et l'assurance n'en rembourse que 25%. Sur les frais totaux de reconstruction, il me manque alors 22.000 euros. Donc la colère m'a pris et ça m'a poussé à créer une pétition en ligne. J'ai de la colère contre le gouvernement, qui a décrété que la grêle n'est pas considérée comme une catastrophe naturelle puisqu'elle est remboursable et indemnisable par les assurances. Et en allant sur Facebook, j'ai lu de nombreux commentaires de gens également en détresse, délaissés. Cette association a donc pour but d'aider et d'accompagner les sinistrés dans leur démarche.

Combien de sinistrés sont suivis par l'association ?

A l'heure actuelle, nous avons trente adhérents, mais le problème c'est que les gens ne connaissent pas encore l'association. Nous sommes en milieu rural, la communication est parfois difficile. Et nous avons aussi des personnes qui n'osent pas venir, qui sont terrées chez elles, et pour qui c'est une honte que de demander de l'aide. Il faut qu'elles sachent que nous sommes là pour les aider.

Redoutez-vous un nouvel épisode de catastrophe naturelle ?

Oui, malheureusement. Les épisodes climatiques ont changé, nous avons de plus en plus de pluie, de vent et de sécheresse. Regardez Vichy, eux aussi ont été touchés, même s'ils ont été davantage soutenus. Nous, nous sommes trop isolés et les bâches ne vont pas tenir. Elles se déchirent au fur et à mesure et on devra rebâcher en attendant le passage des couvreurs. Et on le sait, la grêle va revenir.

Vous avez contacté la députée Christine Pirès-Beaune pour qu'elle émette une proposition de loi à ce sujet. Est-ce la bonne solution ?

Nous avons envoyé un courrier à la députée pour qu'elle nous aide à créer un projet de loi auprès des assurances, pour que les futurs sinistrés puissent obtenir des subventions ou des aides financières vis-à-vis des assurances, pour être indemnisés sur la totalité des charges. Actuellement, certains sinistrés ont réussi à être indemnisés très rapidement, mais plus globalement, il faut que ça bouge, qu'on trouve une solution assez rapidement. On ne peut pas supporter aujourd'hui les restes à charge, vu les situations de chacun. Les assurances sont muettes, ne répondent pas. On a besoin d'elles pour trouver des moyens, pour recouvrir nos maisons.

Onze mois plus tard, dans quel état d'esprit vous sentez-vous ?

On se sent fatigués, délaissés. On en a marre parce que ça fait onze mois qu'on ne voit rien arriver. Qu'est-ce qu'on va devenir ? Notre avenir sera fait de quoi ? C'est très difficile à vivre. Récemment, nous avons eu un orage assez violent sur le secteur, j'ai cru que c'était de nouveau la grêle qui retombait. Nous sommes moralement touchés, on n'en peut plus !

 

La pétition, adressée à la Première Ministre, est toujours en ligne sur change.org.

La mairie de Gouttières, toujours bâchée