Cantal : 14 radars automatiques sur 15 sont hors service

C’est sans doute du jamais-vu. Quatorze des quinze radars automatiques de vitesse du Cantal sont hors service. Pour la plupart, ils ont été tagués, à coups de peinture orange ou blanche. Déjà initiées lors de la fronde anti-80 km/h, ces dégradations semblent s’inscrire dans le mouvement des Gilets jaunes et apparaissent comme des symboles de cette colère qui s’étend depuis le 17 novembre.

Et si les radars étaient les défouloirs des révoltés en jaune ? Depuis les premières installations en 2003, il n’est pas rare qu’ils soient les cibles de dégradations. En 2014, dans un sondage de Harris Interactive, 64 % des Français estimaient que leur rôle est seulement de remplir les caisses de l’État. Il n’est pas certain que la tendance se soit inversée tant ils sont devenus un point de cristallisation des colères ces derniers mois. Après celle des anti-80 km/h, exprimée dans le Cantal à Aurillac et Saint-Mamet cet été, les Gilets jaunes en ont fait l’un des symboles de leur ras-le-bol.

Le Cantal compte au moins quinze radars automatiques répartis au bord des départementales, de la nationale et sur l’autoroute. Parmi eux, onze sont des cabines fixes, les autres sont des radars discriminants placés sur l’A75, ils distinguent les poids lourds des autres véhicules. Pour éviter la course aux records et la contagion, les préfectures, dont celle du Cantal, refusent d’indiquer l’état des machines. « Ni les préfectures ni le ministère de l’Intérieur ne communiquent de données chiffrées concernant les dégradations de radars », nous a-t-on répondu. En se rendant directement à la source, nous avons réalisé un inventaire dans le département. Et il en ressort un bilan probablement inédit : quatorze radars ont été mis hors service en l’espace de quelques jours. Une véritable razzia à laquelle un seul a échappé. Celui de Lanobre, le moins efficace du Cantal, déclenché à peine quatre fois en 2016.

Ici, pas de flammes ou de coup de fusil comme dans le Puy-de-Dôme. Les fossoyeurs cantaliens de radars automatiques ont eu recours majoritairement à la peinture. Orange, jaune, blanche… Ce fut la méthode employée sur la RN 122 à Polminhac, Thiézac, Arpajon-sur-Cère, Saint-Mamet-la-Salvetat (régulièrement tagué) et Saint-Étienne-de-Maurs ou encore à Aurillac (D17), Méallet (D920), Saint-Paul-des-Landes (D120) et pour les quatre de l’A75. Celui d’Arpajon-sur-Cère (D920) a été bâché. Une délicatesse à laquelle le radar troisième génération de Neussargues-Moissac n’a pas eu droit. Le compte de l’appareil situé sur la RN 122 a été réglé en deux temps. Dans la nuit du 23 au 24 novembre, le boîtier était recouvert d’un plastique sur lequel figurait l’inscription « politiques = voleurs ». Quelques heures plus tard, l’armoire métallique a été arrachée de son socle en béton.

Si des enquêtes ont été ouvertes ces dernières semaines (les préfectures déposent plainte systématiquement) afin de retrouver les auteurs de ces actes de vandalisme, les chances de les interpeller sont minces. La dégradation de radar est un délit et, lorsqu’elle est légère, le code pénal prévoit une amende de 3.750 € assortie d’une peine de travaux d’intérêt général. Elle coûte en moyenne 500 € de réparation. Une dégradation lourde est pour sa part passible d’une peine d’emprisonnement de cinq ans (sept ans si les agissements ont été réalisés en groupe) et jusqu’à 75.000 € d’amende.

Source La Montagne