Puy-de-Dôme : aurons-nous de l'eau cet été ?

Puy-de-Dôme : aurons-nous de l'eau cet été ?
La situation n'est pas idéale dans le Puy-de-Dôme / Crédits : 3345408 - Pixabay

Après la levée des restrictions d'eau dans les secteurs d'Arlanc et Riom, un point a été fait sur la situation hydrique du Puy-de-Dôme. Si l'été devrait se dérouler sans encombres, des inquiétudes grandissent concernant la situation en 2024.

"L'eau n'est pas inépuisable". C'est le constat mené à la fois par les experts et les élus face à une situation qui se tend d'année  en année, suite aux successifs épisodes de sécheresse et de canicule. Avec la faible recharge des nappes phréatiques lors de l'automne et l'hiver 2022-2023, le département du Puy-de-Dôme se trouve dans une position de fragilité. Des restrictions d'eau ont même eu lieu ces dernières semaines sur les secteurs d'Arlanc et de Riom. Les mesures très localisées mais significatives d'une gestion délicate de la ressource. Pierre Riol, vice-président du département en charge de l'environnement, le rappelle : "Le territoire est disparâte. Il y a des zones où il y a beaucoup d'eau, et d'autres moins fournies. Les difficultés sont le plus souvent sur les nappes aluviales."

La problématique du moment concerne également les fuites. Actuellement, selon les données 2023 du schema départemental de l'eau, il persiste 25% de fuites sur les réseaux d'eau potable dans le Puy-de-Dôme. Un volume qui doit être corrigé rapidement. "L'eau n'a pas de frontières. Aujourd'hui, avec la solidarité métropolitaine, on va réparer les endroits où il y a des fuites. Le but c'est de continuer d'augmenter le rendement du réseau." estime Christophe Vial, vice-président à Clermont Métropole en charge du Cycle de l'eau. Il ajoute que "Si on a une rupture totale sur nos sacs, c'est sûr que nous ne serons pas en capacité de fournir l'eau sur l'ensemble du territoire métropolitain. On serait obligés de prioriser et sectoriser."

Peut-on craindre une pénurie ?

Avec les premières chaleurs estivales, il est de vigueur de se demander si cette ressource précieuse va nous manquer dans les prochaines semaines. En regardant dans le rétroviseur, on se souvient d'un été 2022 difficile, très sec, suivi d'un hiver où les pluies étaient que trop peu au rendez-vous. Insuffisantes en tout cas pour remettre à flot les nappes phréatiques. Christophe Vial, confiant à court terme, reste plus prudent pour la suite : "Nous sommes raisonnablement optimistes pour cet été. En revanche, la période la plus critique sera cet hiver, il faut absolument qu'on ait des pluies qui rechargent. On a le même volume sur l'année mais le problème, c'est que ça ne tombe pas au bon moment. Donc, pour l'année prochaine, ça sera un autre sujet..."

Pour éviter d'en arriver à une situation critique, l'Etat a dévoilé un plan gouvernemental de 53 mesures qui garde pour maître-mot la sobriété. Il entend optimiser la disponibilité de la ressource, préserver la qualité de l'eau mais aussi inciter les acteurs à être plus sobres dans leur usage. Guilhem Brun, directeur département des territoires, est très clair : "On reste très vigilants, s'il y a de nouvelles tensions, on prendra des mesures. Nous devons être tous responsables dans notre utilisation de l'eau. L'idéal serait qu'on n'ait plus à devoir prendre des arrêtés préfectoraux." Un discours renforcé par Philippe Riol : "Le plan de sobriété passe forcément par des éco-gestes au quotidien. On ne peut pas vivre comme on a vécu depuis vingt ans, il va falloir qu'on préserve cette eau. On n'oublie pas bien sûr les industriels et les agriculteurs, qui eux aussi, travaillent à être moins gourmands en eau. C'est une affaire commune."

Vers une hausse des prix de l'eau ?

Afin d'atteindre cette sobriété tant souhaitée, l'une des solutions en cours de réflexion serait d'augmenter le prix de l'eau. Une idée que certaines collectivités sont prêtes à entendre dans un souci d'économie. "Ce n'est pas un bien sans valeur", martèle Guilhem Brun. "Le prix de l'eau est un indicateur. Avec une hausse des prix, on pourrait avoir le moyen d'agir sur les infrastructures, et envoyer un signal pour être incitatif à des comportements vertueux." Cependant, il souhaite quand même tempérer sur la notion de hausse des prix, expression qu'il prend avec des pincettes : "La hausse des prix serait raisonnable, on pourrait envisager 50 centiimes d'euros de plus sur 1000 litres, c'est assez faible. D'autant que cela doit s'accompagner d'une réduction des consommations" Dans les alternatives est envisagée une progressivité inversée, qui n'impacterait que les ménages les plus gourmands, ceux qui n'entreprendraient pas de modifications de leurs comportements.

Le message est en tout cas on-ne-peut-plus-clair : il faut la jouer collectif. "L'eau n'appartient à personne, et nous devons nous orienter vers des interconnexions, pour partager cette ressource. L'agriculture est en demande en plaine, l'élevage en a besoin en montagne. Il faut aussi penser à l'urbanisme également" résume Christophe Vial, qui milite en faveur des éco-gestes. Et de conclure
: "Les pluies de printemps peuvent nous permettre de passer correctement cet été. Et toute l'eau que nous n'utiliserons pas cet été parce qu'on sera tous responsables, ce sera de l'eau que nous aurons pour les années suivantes..."