Alexandre Tcherkassov, ex-président de l'ONG prix Nobel de la Paix 2022, doublement distingué à Clermont-Ferrand

Alexandre Tcherkassov, ex-président de l'ONG prix Nobel de la Paix 2022, doublement distingué à Clermont-Ferrand
Alexandre Tcherkassov a reçu le titre de citoyen d'honneur de la ville de Clermont et titré docteur Honoris Causa / Crédit : Ville de Clermont-Ferrand

Le dissident russe Alexandre Tcherkassov, ancien président du centre des droits de l'homme Memorial, une ONG qui a reçu en 2022 le Prix Nobel de la Paix, était de passage à Clermont-Ferrand. Il a reçu le titre de citoyen d'honneur de la ville et distingué du doctorat Honoris Causa, la plus haute distinction de l'université française pour les personnalités étrangères.

Il tient à rester humble ("Ce n'est pas moi qui ai eu un prix Nobel, c'est l'ONG") et même et rieur face à la presse ("Mon français est terrible, il a été reconnu comme crime contre l'humanité !"). Alexandre Tcherkassov est venu à Clermont-Ferrand avec décontraction mais toujours avec le sérieux qui l'anime. Car la situation qui traverse son pays, la Russie, n'appelle pas à la plaisanterie.

Ce dissident russe, figure intellectuelle éminente dans son pays, est connu pour avoir dirigé l'ONG Memorial, qui a reçu le Prix Nobel de la Paix en 2022. Ce centre des droits de l'homme se bat pour la reconnaissance des droits humains partout dans le monde, et en particulier en Ukraine et en Russie depuis le début de la guerre. Un combat trop souvent oublié, selon Alexandre Tcherkassov : "On parle beaucoup de géopolitique pour ne pas parler des sujets humains. La situation en Russie, le gouvernement de Poutine, c'est justement le résultat d'un discours géopolitique. Il faut changer l'optique de société. Si vous connaissez l'histoire de la guerre non pas par les dictateurs, mais par les victimes, alors vous ne voulez pas répéter la guerre".

Pour bien comprendre ce conflit, il faut se plonger dans l'Histoire. C'est le leitmotiv d'Alexandre Tcherkassov, qui pointe du doigt l'accélération de la répression en Russie. Un sujet qui ne s'arrête pas aux frontières russes ni ukrainiennes. Faudrait-il craindre que la guerre n'arrive jusqu'au sol français ? "En 1939, le conflit en Pologne était loin de la France. Pourtant, en 1940, les conséquences étaient visibles sur le territoire de la France. Aujourd'hui, vous pouvez voir sur le territoire français des réfugiés ukrainiens. Les problèmes des droits humains sont internationaux." Et d'enchaîner sur sa vision de Vladimir Poutine, qui mène aujourd'hui ce conflit sans relâche contre l'Ukraine : "Poutine ne peut pas stopper la guerre, il va continuer à attaquer car il a l'idée fixe de reconstruire l'Union Soviétique."

Aujourd'hui, Alexandre Tcherkassov a établi résidence en France, puisqu'il a été obligé de fuir son pays à cause des répressions énormes menées contre tout citoyen opposant une quelconque résistance au régime en place. Et en restant dans l'inconnu d'un potentiel retour : "Je ne sais pas quand. Aujourd'hui revenir, c'est dangereux. Mon travail ici est aujourd'hui plus effectif. En tout cas, il ne faut jamais dire jamais." Depuis la France, Alexandre Tcherkassov continue sa lutte grâce à l'écriture, pour dénoncer le régime poutinien.

Ce mardi 30 mai, Alexandre Tcherkassov a été distingué du titre de citoyen d'honneur de la ville de Clermont-Ferrand ainsi que du doctorat Honoris Causa, qui représente la plus haute distinction remise à une personnalité étrangère par l'université française. Mais le dissident l'affirme, ce n'est pas pour les récompenses qu'il mène son combat. "Je suis un soldat des droits humains !" Et de résumer la situation sur le conflit ukrainien : "Si Poutine arrête la guerre, ce sera la fin de la guerre. Si Zelensky arrête la guerre, ce sera la fin de l'Ukraine".