Clermont-Ferrand : après la lettre ouverte du maire, Télérama annule ses débats généreux

Le maire Olivier Bianchi n'a pas du tout apprécié l'article de Télérama sur Clermont-Ferrand et l'a fait savoir publiquement. En réponse, le magazine annule ses "débats généreux", manifestation culturelle qu'il devait organiser. L'auteur de l'article qualifie "d'insultante" la réaction de l'élu.

La rupture est consommée entre la Mairie de Clermont-Ferrand et Télérama. Le magazine, qui devait organiser dans la cité arverne les 12 et 13 octobre ses "débats généreux" - deux jours de débats autour de la culture - a finalement annoncé qu'il ne souhait plus venir. En cause, une lettre ouverte publiée par le maire Olivier Bianchi, qui réagissait vertement à un article concernant la candidature de sa ville pour devenir capitale européenne de la culture.

C'est la rédactrice en chef du magazine culturel qui annonce l'annulation. "Comment accepter que soit violemment remis en question le travail sérieux de Luc Le Chatelier, spécialiste à Télérama de l’architecture et de l’urbanisme, et qui devait justement animer le débat du 13 octobre ?, s'interroge Fabienne Pascaud. (...) Serions-nous condamnés à être des communicants au service de la ville qui nous accueille et qui cofinance l’événement ? Ce n’est ni notre ambition, ni notre manière de travailler."
 

Mercredi 4 octobre, jour de la publication de l'article fatidique, l'élu s'était fendu d'un texte où il reprochait à Télérama de faire preuve de "mépris" à l'égard de Clermont-Ferrand, de "rejouer l'énième version de l'élite parisienne qui a le monopole du bon goût". Le journaliste Luc Le Chatelier, auteur du dossier sur la capitale auvergnate, est "tombé des nues" lorsqu'il a pris connaissance de la lettre ouverte d'Olivier Bianchi.



"Je suis venu à Clermont-Ferrand quelques jours. J'estime avoir fait un travail de journaliste : je me suis promené avec un architecte à travers le centre-ville, les quartiers ouvriers, la faculté, la Coopérative de mai... J'ai appelé, rencontré des acteurs culturels de la ville, interviewé le maire pendant près d'une heure, énumère le journaliste, qui juge la lettre d'Olivier Bianchi "mensongère" et "insultante".

"Notre article ne comporte ni critique gratuite, ni injure, poursuit-il. En quoi fait-on preuve de "parisianisme" en déclarant que la ligne de tram ne passe pas par la gare, ou que la couleur de la cathédrale est noire? Ce sont des faits, souligne Luc Chatelier. Quant au manque de verdure à Clermont-Ferrand pointé dans l'article, "ça aussi, nous n'avons sans doute pas le droit de le relever. Le maire n'aime tout simplement pas la critique, il s'attendait sans doute à ce que l'on fasse de com. (...)"

Olivier Bianchi avait contacté le magazine afin d'organiser ces "débats généreux" dans sa ville. L'événement, qui devait notamment réunir les architectes Laurent Théry et Julie De Muer, mais aussi le patron du 104 José Manuel Gonçalvès autour d'une table, aurait pu faire parler de la candidature de Clermont-Ferrand pour être capitale européenne de la culture. Hélas, au grand regret des deux partis, cette opportunité vient de s'envoler.

Olivier Bianchi : "Je prends acte de la décision de Télérama d’annuler les Débats Généreux qui étaient prévus les 12 et 13 octobre à Clermont-Ferrand. Je regrette cette décision et l’occasion manquée d’un débat riche et passionné au-delà de la polémique. Prendre position publiquement à l’égard d’une ligne éditoriale n’est ni refuser la discussion ni bien évidemment vouloir ramener la Presse à un rôle de communication institutionnelle. Soyez assurés que Télérama reste bienvenu dans notre ville."




Source France 3