Moulins : le chant des coqs dérange les citadins

Moulins n'échappe pas au phénomène : de plus en plus de citadins sont excédés par le chant des coqs. Un conciliateur de justice est intervenu mercredi, rue du Pont de Bois, pour jouer la carte de l'apaisement.

La jeune moulinoise n’en peut plus. Cette trentenaire salariée de la fonction publique qui habite, depuis mai dernier, dans une résidence de la rue du Pont de Bois, à Moulins, en a ras-le-bol d’être réveillée, chaque matin, dès 6 heures par les chants stridents de plusieurs coqs installés sur des terrains tout en bas de chez elle.

Quand ce n’est pas carrément à 4 h 30, l’été. « L’un commence, et ensuite, les autres lui répondent. Ça peut durer un quart d’heure ! », raconte-t-elle, excédée. « Je peine à me rendormir. Et là, je commence vraiment à manquer de sommeil. Une des mes voisines a changé sa chambre de place, mais pour moi, impossible ».

Alors, elle s’est renseignée auprès de la mairie, a recherché les propriétaires des volatiles et contacté la police, laquelle l’a orientée vers un conciliateur de justice, pour trouver une solution. Et éviter que l’histoire ne se termine, comme tant d’autres, devant un tribunal.

François Dubois, conciliateur bénévole au tribunal d’instance de Moulins, n’en est pas à sa première affaire de volatile. Celles-ci se multiplient, dans l’agglo de Moulins, résultat d’un conflit générationnel : la présence de volatiles dans les jardins dispersés un peu partout en ville est bien moins supportée par de jeunes citadins aux vies actives trépidantes.

Il a donc cherché un terrain d’entente entre les différentes parties : la plaignante, d’un côté. De l’autre, deux propriétaires, Didier Fétaud et Guy Mornac. Et enfin, des voisins qui ont confirmé les nuisances sonores, auxquels, eux, se sont depuis longtemps habitués : des coqs, il y en a dans les jardins du quartier depuis quarante ans. « Ici, il n’y pas d’accusé », a expliqué François Dubois. « Nous cherchons une justice partagée. Comment faire taire un coq sans le faire passer à la casserole ».

Et de proposer deux astuces : abaisser la hauteur du plafond du poulailler, pour empêcher les coqs de déployer leur cou et donc de chanter, tout en les maintenant dans le noir pour bousculer leur horloge interne qui les fait chanter au lever du jour. « Ça a déjà été fait aillleurs. Ça marche ». La proposition a soulevé peu d’enthousiasme. Trop compliquée : comment aller récupérer ses œufs, dans ces conditions ? « Ce que je veux éviter, c’est qu’un tribunal vous oblige à vous débarrasser des coqs », a insisté François Dubois. « Ça peut se faire… ».

Didier Fétaud, propriétaire a expliqué ses efforts : lui s’est déjà débarrassé de six de ses coqs. Mais les quatre volatiles restant continuent à chanter de plus belle…

La deuxième proposition, elle, a conquis : concevoir un collier anti chant pour coq. Ce dernier est utilisé pour limiter l’écoulement d’air dans le larynx de l’oiseau, ce qui réduit le son émis. Pour cela, le conciliateur a lui-même remis un ruban autoagrippant à double face aux propriétaires. Ces derniers se sont engagés, par écrit, à “élastiquer” leurs coqs.

Mardi prochain, c’est à Yzeure que le conciliateur tentera, une nouvelle fois, de trouver une solution à une querelle de coqs.

Source La Montagne